Pourquoi les hommes sont-ils deux, voire trois fois moins nombreux que les femmes a se voir reconnus comme dépressifs ? Pourquoi les chiffres s'inversent-ils entre les sexes dans les statistiques du suicide - quelque 47 000 personnes en Europe chaque année, dont plus des trois quarts sont des hommes ? Chez eux, les signes peuvent différer de ceux que l'on identifie généralement a la dépression : colere plutôt que tristesse, hyperactivité (professionnelle ou sportive) plutôt qu'asthénie, comportement asocial ou addictif, difficulté plus grande a demander de l'aide par pudeur ou honte... Mais quelles que soient les façons dont elle se traduit, la souffrance psychique reste le plus souvent négligée par les intéressés, mal diagnostiquée par un grand nombre de praticiens, et donc globalement sous-estimée. Facteur aggravant En Allemagne, en France et en Écosse, Ole Neugebauer recueille la parole de patients qui ont appris a accepter leur détresse pour se soigner, et celle des spécialistes qui les accompagnent. Si la persistance des stéréotypes liés a la masculinité, y compris dans les jeunes générations, constitue un facteur aggravant des troubles et contribue a les occulter, ceux-ci ont de multiples sources, y compris la trop méconnue dépression paternelle postnatale, qui affecterait 8 a 10 % des jeunes peres. En évoquant aussi les diverses approches thérapeutiques proposées, cet état des lieux a la fois sensible et tres complet dessine les contours d'un mal de moins en moins silencieux.