Accrochée a son ambition de pecher dans les mers nordiques, Lili débarque dans un petit port islandais pour proposer ses services. Ian, le capitaine du Rebel, accepte de l'engager malgré son inexpérience. A bord, entourée de marins plus ou moins accueillants, la nouvelle recrue apprivoise les gestes techniques et la rudesse du quotidien. Mais une blessure a la main, causée par l'aiguille venimeuse d'un poisson, l'oblige a regagner la terre. Lili devra alors redoubler de détermination pour réintégrer l'équipage. Prendre le large J'en ai vu des gens débarquer, des mecs, des nanas, ils fuient tous un drame ou une saloperie qu'ils ont faite, lancera Ian en tentant de sonder celle qu'il surnomme Moineau. Du passé de Lili, le vieux loup de mer (le Belge Sam Louwyck, excellent) ne saura pourtant rien. Cantonné dans cette opacité, le spectateur s'amarre au reve farouche, au désir impérieux d'ailleurs de l'héroine, subtilement campée par Dinara Drukarova. Inspirée par le roman autobiographique de Catherine Poulain Le grand marin, l'actrice, qui a quitté sa Russie natale dans les années 1990 pour faire carriere en France - on l'a vue notamment chez Pascal Bonitzer, Julie Bertuccelli ou dans la série Le bureau des légendes -, signe un premier long métrage attachant, pétri de silence, de poésie et de vérité crue. Car si le scénario esquisse une romance, son film vaut surtout pour sa description documentaire, sur fond de somptueux paysages islandais capturés au format Scope, de l'univers masculin des pecheurs.